L’OMS calcule que 150 millions de filles et 73 millions de garçons de moins de 18 ans auraient subis un rapport sexuel imposé ou d’autres formes de violences sexuelles. D’autres analyses estiment que, dans le monde entier, une femme sur cinq sera victime de viol ou de tentative de viol au cours de sa vie, un fléau qui touche majoritairement les jeunes femmes.

Selon les estimations de l’OIT, en 2004, 1,8 millions d’enfants étaient soumis à la prostitution et à la pornographie et 1,2 millions étaient victimes de traite.

À l’échelle mondiale, 600 millions de femmes vivent dans des pays où la violence familiale n’est toujours pas interdite par la loi.

En ce qui concerne le milieu scolaire, selon l’UNESCO, et malgré la loi du silence qui entoure ce type d’agressions, « chaque année dans le monde, environ 246 millions d’enfants sont victimes de violences en milieu scolaire ».

De sa part, les différentes études de l’ l’Unicef dénoncent que :

  • Chaque année presque 95 000 enfants et adolescents de moins de 20 ans sont victimes d’homicide.
  • Environ 6 enfants sur 10 âgés de 2 à 14 ans (soit près d’un milliard) subissent des châtiments corporels.
  • Une 1 fille sur 10 âgée de moins de 20 ans a subi des rapports sexuels forcés au cours de sa vie.
  • Seul 1 % de ces adolescentes survivants de violences sexuelles a sollicité l’aide de professionnels.

L’ampleur réelle du phénomène n’est pas connue. Il est impossible de dire avec précisions combien d’enfants sont victimes de violences ou des violences sexuelles. En effet, les données sont incomplètes et parfois peu fiables car :

  Le nombre de signalements reste restreint du fait de la méfiance et de la crainte de la stigmatisation de l’enfant et de sa famille, aussi produit de la normalisation (comme dans le cas de la violence éducative ordinaire – VEO). De plus, les mécanismes en place permettant aux victimes de signaler l’abus sont parfois méconnus, peu accessibles et peu efficients.

  Les données de la police et de la justice sont souvent limitées car basées exclusivement sur les cas qui leur sont présentés. De plus, ces informations ne sont pas toujours accessibles.

  La problématique est très mal documentée dans certaines régions. Par ailleurs, les études et analyses de situation réalisées comportent davantage d’informations qualitatives sur les formes, les causes, le vécu et la perception du phénomène que de données quantitatives.

L’ampleur de la violence à l’encontre des enfants au Maroc est difficile à cerner en raison :

  • De l’absence d’un système d’information national standardisé de collecte de données.
  • Du manque d’harmonisation des concepts utilisés pour qualifier les différentes formes de violence et de violence sexuelle.
  • L’absence de signalement et de dénonciation de nombreux actes de violence, notamment sexuelle.
  • Du caractère encore tabou de ce sujet.

Aucun pays ne dispose actuellement d’une base de données fiable sur ce problème et n’est à même de fournir une estimation nationale du nombre d’enfants victimes. Cependant quelques données sont disponibles et publiées dans divers supports, notamment le SiTan de l’UNICEF de 2019 ou le rapport sur La Violence Sexuelle au Maroc de l’Association AMANE (2015) qui reprennent des statistiques officielles. Ainsi :

  La Direction Générale de la Sûreté Nationale pour la période 2007-2012 a enregistré 40 469 cas de violences sur mineurs, dont 11 599 représentaient des cas de violences sexuelles.

  Le Ministère de la Santé en 2017 avait enregistré au niveau hospitalier 4.857 cas des violences physiques à l’égard des enfants, dont 1208 enfants survivants de violences sexuelles.

  Le Ministère de la Justice et la Présidence du Ministère Public pour 2017 signalent 5 980 cas de violences commises à l’égard des enfants traités en justice, dont 40% (soit 2 403 cas) des violences sexuelles correspondant à :

    • Viol : 494 cas
    • Atteinte à la pudeur de mineur avec violence : 1544 cas
    • Atteinte à la pudeur de mineur sans violence : 365 cas

 Aussi:

  • 1 946 du total des cas traités sont des violences physiques
  • 1 624 cas de négligence familiale
  • 64 affaires liées à l’exploitation des enfants dans la mendicité, et 48 cas d’exploitation d’enfants dans la vente des drogues.

  En 2018, le Ministère de la Justice a traité 7 031 cas de violences dont 3 213 (45,7%) de violences sexuelles.

  En fin, entre 2011 et 2018 le nombre de demandes de mariage des mineurs s’est réduit passant de 46 601 en 2011 à 31 931 en 2018 dont 99% concernait les filles, cependant il reste une problématique majeur, notamment dans les zones rurales.


Sources :

UNFPA. https://www.unfpa.org/fr/violence-bas%C3%A9e-sur-le-genre

OMS. http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2013/violence_against_women_20130620/fr/

UNESCO, ONU Femme.  » Lutte contre la violence de genre en milieu scolaire. Orientations Mondiales », 2017

UNICEF. « Un visage familier : la violence dans la vie des enfants et des adolescents », 2017

UNICEF. « Analyse de la Situation des Enfants au Maroc 2018-2019 », 2019

Ministère de la Justice. Statistiques nationales 2017 et 2018